2020 : un dispositif expérimental parvient à reconstituer une conversation à partir de l’analyse de certains objets environnants. Des chercheurs de l’université Ben Gourion du Néguev (sud d’Israël) viennent en effet d’inventer une technologie qui permet de reconstruire des paroles échangées (ou une chanson) en captant, à 25 mètres de distance, les micro-ondulations de la lumière projetée par une ampoule suspendue à son fil ─ et non pas fixée au plafond ─ qui se trouve au-dessus des personnes en conversation.
Les ondes sonores propagées par la voix atteignent l’ampoule, et, en réaction à ces stimuli, l’ampoule émet de minuscules signaux : des micro-vacillements de la lumière détectables par des capteurs. Un programme d’intelligence artificielle convertit alors ces micro-vacillements en signal électrique, lequel est transformé en informations numériques, puis un logiciel nettoie le bruit de fond. La conversation (ou la chanson) peut alors être reconstruite avec suffisamment de précision pour qu’elle devienne intelligible. Voir le topo.
2019 : une technologie alliant intelligence artificielle et vocodeur était déjà parvenue à reconnaître les signaux électriques émis par le cortex auditif de patients épileptiques trépanés, durant une lecture de texte faite par autrui comme durant une lecture mentale faite par eux. Cette technologie était arrivée à reconstruire ces sons et ces mots qui devenaient alors audibles par tous. Quel avenir, désormais, à cette prouesse ? L’amélioration de cette technologie pourrait permettre de décoder et de comprendre les pensées de personnes incapables de communiquer avec le monde extérieur. Cf. H. Akbari et al. «Towards reconstructing intelligible speech from the human auditory cortex»
Les paroles impriment un mouvement aux choses. Les choses réagissent à la parole. Plus qu’on ne le croit, les mots ont un impact sur notre environnement, ils ne le laissent pas inerte. Sans nous en rendre compte, nous bombardons notre environnement d’ondes, et pas seulement d’ondes wifi. Or, il existe un auditoire sans visage. Au cœur de notre monde en chaos, cette expérience de l’ampoule est un truc de dingue ! Ouvrons alors la porte à l’imagination : et si le végétal aussi vacillait légèrement autour de nous, à notre insu ? Et si les différents êtres du monde entretenaient avec nous une conversation secrète ?
L’heure a sonné : notre corps étant matière, laissons-le se mettre à l’écoute et rejoindre son environnement de matières vivantes, inanimées, célestes. Plus rien ne s’oppose à ce qu’un jour, muni des bons filtres d’interprétation, l’homme analyse directement toute information «trahie» par les mouvements de l’air ambiant. Le créateur rencontrera, pour la première fois dans l’histoire de la musique, ce matériau complètement inconnu qu’est la nature brute du son. Comment composera-t-il alors ?
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